Fatima Bianchi, Les dissidentes (2024), 25 minutes
Les Dissidentes de Fatima Bianchi est un film féministe qui explore les difficultés cachées de la maternité à travers les témoignages intimes de mères exilées et contraintes aux travaux forcés. Ce projet artistique et militant révèle les tabous liés à la maternité, la culpabilité et l’épuisement des mères. Trois femmes frottent des draps blancs et les rincent sans cesse dans les eaux de la mer Méditerranée, tandis qu’une gardienne surveille leurs gestes répétés, devenant presque un rituel. À travers des images poétiques et des récits, le film confronte les attentes sociales et les réalités souvent ignorées, tout en interrogeant la place des femmes et de la maternité dans la société.
Gilles Aubry, Atlantic Ragagar (2022), 32 minutes
Tourné en collaboration avec le biologiste Younes Boundir sur la côte atlantique du Maroc, Atlantic Ragagar est un film expérimental sur les algues et la pollution. Dans ses eaux claires, la plage de Sidi Bouzid abrite des dizaines d’espèces d’algues. Plus au sud, à Safi, la biodiversité marine souffre de la pollution causée par les usines de phosphate. Le film aborde ces phénomènes par l’écoute, invitant le public à un processus de transformation écologique. La performeuse Imane Zoubai s’engage dans une traduction affective et corporelle de la pollution et de ses effets. À travers le chant, la respiration et les interactions avec les algues, une nouvelle figure émerge progressivement : « maouj », un corps aquatique ouvert aux spéculations transcorporelles et inter-espèces.
Fatima Bianchi est une cinéaste et monteuse italienne, spécialisée dans le documentaire créatif avec une approche hybride. À travers son travail, elle explore les liens familiaux, la mémoire, la condition féminine et la maternité, souvent en s’inspirant de la vie quotidienne, des gestes répétés et des micro-histoires. Ses films mêlent sphère autobiographique et contexte social, où l’intime devient politique. Elle crée de nouveaux récits en jouant avec différents registres et temporalités, et accorde une grande importance à la forme, plaçant le son au même niveau que l’image. En tant que monteuse, elle considère le montage comme un acte créatif, une réorganisation du monde par des associations psychologiques ou mémorielles. Diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Milan, ses films ont été exposés dans de nombreux festivals, dont Visions du Réel, Cinéma Vérité et la Biennale de Venise. Elle a remporté plusieurs prix, dont le Premier Prix du Filmmaker Festival pour Tyndall, et est lauréate d’Italian Council 2022. Elle a également travaillé comme monteuse sur Aswang d’Alyx Arumpac, primé pour le meilleur montage aux Famas Digital Philippine en 2020. Elle vit et travaille à Marseille.
Gilles Aubry est un artiste, musicien et chercheur suisse basé à Berlin. Sa pratique s’appuie sur l’expérimentation et les savoirs issus des arts, des sciences humaines et des études technologiques. Ses compositions, films, performances et pièces radiophoniques ont été présentés dans de nombreuses institutions et festivals, notamment la Biennale de Marrakech (2014), Documenta 14 à Kassel (2017) et le Musée Reina Sofia à Madrid (2020).
