Le travail d’IPIN négocie avec le visible et l’invisible de la ville, avec l’espace concret de l’aménagement urbain et l’impalpable consistance des usages, avec les affects et les statistiques, avec les diverses temporalités dont les lieux sont tissés. En ce sens, les œuvres d’IPIN n’ont pas vocation à embellir la ville ou à remettre un peu de couleur dans la grisaille du béton comme le voudrait une routine convenue de l’art urbain : elles sont agissantes et sollicitent d’ailleurs le plus souvent l’implication d’un groupe - d’habitants, de prisonniers, de scientifiques et experts, selon. Elles n’ont pas non plus vocation à pacifier ni faire taire la conflictualité de la vie urbaine. Au contraire, elles viennent rappeler que l’espace public n’est pas un simple décor où l’artiste inscrit sa patte, mais un lieu de vie, de rencontre, de discussion, de débat et de confrontation.
L’attention de Germain IPIN à ce qui l’entoure et son originalité au sein de la nébuleuse “street art” tient sans doute à la singularité de son parcours : l’artiste conjugue de longue date la pratique du graffiti et la création en espace public avec une expérience, rare dans le champ de l’art urbain, de l’univers dit des “arts de la rue”. Des compagnies de théâtre qu’il a côtoyées au gré de collaborations professionnelles et au sein de la FAIAR (Formation Avancée Itinérante des Arts de la Rue), IPIN a retenu l’ambition, le grain de folie, mais aussi le sens du collectif, la rencontre avec des publics non prévus et non prévenus, et l’ambition de réveiller la ville, de la secouer, de la bousculer parfois.



