Une partie majeure du travail de France Cadet repose sur l’utilisation d’un robot-chien du commerce qu’elle modifie et reprogramme en y pratiquant des actes de chirurgie électroniques. Ces nouvelles créatures hybrides nous interrogent sur le rapport complexe que nous entretenons avec l’animal, qu’il soit envisagé comme ressource agroalimentaire, réserve d’organes, support artistique ou compagnon domestique.
Inspirées du vivant, ces chimères de plastiques souffrent et meurent, incarnant la monstruosité contemporaine à l’égard de l’animal tout en défiant les rêves d’immortalité des transhumanistes qui voyaient en la technologie un moyen de surpasser la mort.
Au début, l’artiste s’intéressait davantage aux frontières entre l’homme et l’animal, utilisant le robot comme simple médium. Mais progressivement, son attention s’est déplacée vers la machine elle-même, perçue comme une entité artificielle à part entière.
Elle entame alors une réflexion critique sur l’évolution des rapports entre l’humain et la machine, à l’heure où les androïdes, toujours plus perfectionnés, tendent à s’intégrer dans nos sphères quotidiennes en imitant les capacités humaines.
France Cadet interroge notre fusion potentielle avec ces technologies, notre devenir cyborg, voire notre propre effacement. Dans cette perspective, ses œuvres proposent des figures gynoïdes — mi-femmes, mi-robots — dotées d’émotions simulées et de désirs programmés, à l’instar des cyborgs de la série Robot mon amour.
Ces créatures artificielles viennent déconstruire les stéréotypes de genre, entre séduction, contrôle et artificialité. Poussant plus loin son exploration, elle imagine des machines capables de se reproduire seules, affranchies de l’humain, comme en témoigne l’installation vidéo Demain les robots, mettant en scène un incubateur artificiel où des bébés robots sont en gestation.
Cette critique sociale d’un futur dirigé par les technologies et le productivisme s’opère à travers le détournement et la caricature, certes ironiques mais toujours inspirés de faits réels.
De 12 h 15 à 14 h