Il s’agira de déplacer la question du soin dans l’espace public, de sortir de l’hôpital. L’artiste préméditera une fuite, une évasion de ces oreillers, qui renferment en eux des voix et des témoignages interrogeant notre définition du soutien et les formes qu’il peut prendre en confrontant différents points de vue. Le parvis du Palais de Justice sera l’endroit où la performance fera acte, où le public pourra s’emparer des oreillers et se mettre dans une posture d’écoute. L’artiste accompagnera cette écoute en distribuant les oreillers à la demande des passants et changera les taies, grâce à la présence d’un stock de taies d’oreillers fabriqué en amont, geste de soin, garantissant une écoute sereine.
Cette œuvre propose un temps suspendu, une déambulation hasardeuse sur une place publique, une vision incongrue où l’on voit des oreillers se mouvoir et nous murmurer des récits. L’oreiller, objet intime de l’espace domestique du repos, du secret, de la consolation, celui qui accueille nos tristesses, nos disputes, nos amours, nos rêves et nos cauchemars, nous interpelle sur la place de notre responsabilité, individuelle et collective, au sujet du soutien, de l’entraide, de la solidarité et de l’attention portés à l’autre, en-dehors des espaces institutionnels.
Objets transitionnels, les oreillers font sortir la parole de l’espace hospitalier pour porter les récits intimes et émotionnels éminemment politiques en face d’un lieu qui est censé faire justice de manière impartiale, et proposent un temps différent aux usager.e.s de la place publique.